Fédération Nationale des Retraités de la Gendarmerie-Section de Gaillac

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Ils font bloc !

Hier, je me suis rendu à Nice et à Saint-Martin-Vésubie, auprès de nos camarades des Alpes-Maritimes et de leurs familles pour témoigner le soutien de toute la Maison dans l’épreuve. Car c’est bien la Gendarmerie nationale, tout entière rassemblée, qui se tient aujourd’hui à leurs côtés. Tel est le sens du message que j’ai tenu à leur adresser en notre nom à tous.

Là-bas, j’ai vu la désolation qui s’est abattue sur tout un territoire. La tempête Alex a provoqué des dégâts considérables que l’on peine à imaginer. Quelque spectaculaires qu’aient été les images diffusées, les écrans n’ont donné qu’une idée partielle du drame. C’est sur place que l’on peut véritablement se rendre compte de la gravité des événements.

Là-bas, j’ai vécu un moment fort d’échanges avec nos camarades et leurs familles. En ces terribles circonstances, j’ai été impressionné par leur courage et leur force d’âme. Alors même qu’ils avaient été frappés par la catastrophe, nos militaires ont en effet accompli leur mission avec un sang-froid et une efficacité admirables. A Saint-Martin-Vésubie comme à Tende, dans toute la vallée de la Roya, ils se sont engagés, avec leurs conjointes, pour protéger, secourir, sécuriser. Des gradés jusqu’aux gendarmes adjoints volontaires, les familles à leurs côtés, tout le monde a répondu présent.

J’ai aussi été ému par l’humilité qu’ils revendiquent : « nous n’avons fait que notre travail », m’ont-ils dit. Cette humilité est l’autre nom de la noblesse.

J’ai une pensée toute particulière pour l’héroïque commandant de la brigade de Tende qui a sauvé la vie de dix-sept personnes menacées par les flots. Parmi elles, se trouvaient des enfants et des personnes âgées. Dans un paysage d’apocalypse, et bien qu’il fût lui-même blessé, il n’a pas hésité à se porter à leur secours, au péril de sa propre vie.

Je pense également à notre jeune camarade de Tende, dont l’action a permis de sauver des dizaines de résidents et de soignants d’un EHPAD. Alors que les eaux montaient à une vitesse impressionnante et que la route s’était effondrée, lui non plus n’a pas reculé face au danger. Comme son chef, il n’avait qu’une seule obsession : protéger les plus vulnérables.

A Saint-Martin-Vésubie, alors que l’alerte venait d’être donnée, des militaires ont eu la précaution de sécuriser hors d’atteinte les équipements sensibles de l’unité, avant même de se soucier de leur propre vie. Dans le drame, s’est manifesté un professionnalisme exceptionnel.

Si la Nature nous rappelle sa puissance dévastatrice, elle nous conduit aussi, lorsqu’elle se déchaîne, à nous dépasser, tant individuellement que collectivement. Ne plus faire qu’un dans l’épreuve, c’est ce qui nous permet de tenir bon. Cet esprit de corps, c’est là notre plus grande force.

Dans la vallée de la Vésubie, j’ai vu la désolation, oui, mais j’ai vu aussi le dévouement et la solidarité. J’ai vu la formidable cohésion entre nos camarades et leurs familles : ils ont fait bloc.

Car les familles, aussi, ont participé à l’effort collectif pour aider les personnes évacuées. Je pense notamment à l’épouse infirmière d’un militaire de Saint-Martin-Vésubie, qui a d’abord pensé à aider les gendarmes qui avaient tant à faire. A Tende, les conjointes se sont également mobilisées. Si cette générosité m’a profondément touché, elle ne m’a pas surpris, car je sais combien nos familles partagent le même sens du devoir et ces valeurs d’entraide et d’attention aux autres.

Et pourtant, c’est peu dire qu’ils ont été durement éprouvés. La caserne de Saint-Martin-Vésubie a été entièrement balayée par les flots. Certains ont tout perdu, leur logement et leurs biens. Après avoir pris la décision d’évacuer, ils ont dû tout abandonner en quelques minutes à peine, sans se retourner. Chacun imagine l’angoisse de ces instants où l’on a peur pour les siens. Car chacun d’entre nous le sait : la famille, c’est le socle, c’est le premier pilier dans la vie du gendarme. Ce jour-là, nos camarades ont dû se battre sur deux fronts à la fois : assurer leur mission et protéger leur famille. Ils y sont parvenus.

A présent, vient le temps de la résilience. Dans la Vésubie et la Roya, nos camarades accomplissent une tâche indispensable. A Tende, nos militaires œuvrent chaque jour d’arrache-pied, dès l’aube et jusque tard le soir, pour permettre à la commune de recouvrer sa sérénité. A Saint-Martin-Vésubie, j’ai vu comment le groupement des Alpes-Maritimes s’organisait, avec les élus du territoire, pour continuer ses missions au service de la population. S’ils sont actuellement logés à l’hôtel, nos militaires m’ont dit n’avoir qu’une idée en tête : repartir au plus vite sur le terrain pour reprendre le travail. D’ores et déjà, la brigade est à nouveau en mesure d’accueillir du public, grâce aux locaux mis à disposition par le Parc national du Mercantour.

Dans toute la région et jusqu’aux plus hautes autorités de l’État, l’émotion est immense, et la reconnaissance l’est tout autant. Le président de la République est venu en personne exprimer son soutien et sa gratitude. Les élus locaux ont souligné à quel point nos gendarmes avaient « réalisé des miracles », comme l’a dit le maire de Tende. Dans la vallée de la Roya, les habitants ont perçu plus que jamais les valeurs qui nous animent.

A tous les militaires des Alpes-Maritimes et à leurs familles, je veux donc dire mon admiration et ma profonde reconnaissance pour ce qu’ils ont accompli en ces jours difficiles. Comme je veux également adresser mes sincères remerciements à tous nos gendarmes venus en renfort. Car nous avons sonné la mobilisation générale, et, en un laps de temps extrêmement court, nous avons pu déployer un grand nombre de moyens humains et technologiques.

A tous, je veux dire que nous sommes fiers d’eux. Fiers de les compter parmi nos camarades. Ils incarnent parfaitement ce que nous sommes. Ils sont la Gendarmerie. De véritables héros du quotidien, et j’ose affirmer que c’est aussi le cas de leurs familles.

Pour moi, ce fut hier un véritable privilège que de les écouter narrer leur histoire. Je souhaite que cette parole précieuse soit partagée parmi nous et au-delà. Car elle transmet, cette parole, une grande leçon d’humanité.



15/10/2020
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