Arrivé en 2018, le chef d'escadron Sylvain Jouault, commandant la compagnie de Koné, explique que les gendarmes poursuivent régulièrement des actions dédiées au devoir de mémoire: restauration de tombes de gendarmes et de stèles, ou dépôts de gerbes sur les lieux où les gendarmes ont été tués. Koné est située dans la partie nord-ouest de la Grande Terre, à deux cents kilomètres de Nouméa. La circonscription de la compagnie compte 30.000 habitants sur 5.400 km², soit l'équivalent du département des Bouches-du-Rhône. La compagnie regroupe dispose d'un effectif de 60 gendarmes départementaux, renforcés par une cinquantaine de mobiles. Ils sont répartis en sept brigades territoriales, un peloton de surveillance et d'intervention (Psig), un peloton motorisé et une maison de protection des familles.
Deux cérémonies le 16 février
Les dernières cérémonies ont eu lieu il y a quelques jours, le 16 février, sur la place d'arme de la compagnie de Koné, un ancien fort militaire datant de 1879, à l'occasion de la journée nationale d'hommage aux morts de la Gendarmerie. Une stèle portant les noms et les dates de décès des six gendarmes tués a été dévoilée en présence d'un des deux enfants du gendarme Aimé Robert, tué le 30 septembre 1987 avec l'adjudant Gérard Berne. Les deux gendarmes tentaient alors d'arrêter des malfaiteurs impliqués dans la mort du gendarme mobile Rémy Maréchal, cinq mois plus tôt à Koné. Cette première cérémonie s'est déroulée en présence des autorités municipales et coutumières, et d'une délégation de l'Union nationale des personnels et retraités de la gendarmerie en Nouvelle-Calédonie (UNPRG-NC). Une messe s'est ensuite tenue dans l'église de la tribu près de laquelle s'était déroulé le drame 35 ans plus tôt.
Le même jour, une autre cérémonie s'est déroulée à la brigade territoriale de Kaala-Gomen. Deux stèles ont été dévoilées à la mémoire du maréchal des logis-chef Frantz Cabalé, commandant alors cette brigade, tué dans son logement, le 26 novembre 1980, par un tireur embusqué. Il avait été promu adjudant à titre posthume.
En 2018, une stèle à la mémoire du brigadier Chaudouet, poignardé à mort en 1902 par un bagnard libéré, était inaugurée dans l'enceinte de la brigade de Ouégoa. La tombe du sous-officier au cimetière de cette petite ville a été rénovée par l'UNPRG-NC et les gendarmes de la brigade. De même en 2020, l'UNPRG-NC a financé la rénovation du monument funéraire du lieutenant Lucien Mathey, tué en 1903 à Koné par un de ses hommes pris d'un coup de folie, et inhumé au cimetière des Cigales.
Au total, depuis 1853, date de la prise de possession par la France de la Nouvelle-Calédonie, 43 gendarmes ont été tués en service commandé, selon un recensement effectué par l'UNPRG-NC.