J'ai une dette envers Arnaud Beltrame ....................
le témoignage poignant de l'otage sauvée par le colonel à Trèbes il y a cinq ans
En 2018, Arnaud Beltrame a échangé sa vie contre celle d'une caissière du Super U de Trèbes, théâtre de l'attaque terroriste de l'islamiste Radouane Lakdim. Après des années de silence, l'ancienne otage se rappelle un « homme d'exception » dont le sacrifice la motive à se « montrer digne de la vie qu'il a protégée en risquant la sienne ».
Pour la première fois depuis le drame, Julie (son nom a été modifié), la caissière prise en otage lors de l'attentat au Super U de Trèbes, commis par Radouane Lakdim en mars 2018, s'exprime dans les colonnes du journal Le Figaro. La jeune femme, tenue en joue par le terroriste, doit sa survie à l'intervention héroïque d'Arnaud Beltrame. L'officier supérieur de gendarmerie se substitue à l'hôtesse d'accueil, qui est libérée. « Il répétait : 'Relâche la petite dame, elle n'y est pour rien. Je représente l'État, prends-moi à sa place. Relâche la petite dame, elle n'a rien fait'. Tout en disant cela au terroriste, il me fixait droit dans les yeux. Mais à aucun moment il ne s'est adressé à moi. À aucun moment il ne m'a fait un signe, même discrètement. Il ne faisait que me regarder dans les yeux », se remémore Julie, en se prenant la tête entre les mains.
Les négociations entre Arnaud Beltrame et l'assaillant dureront trois heures, à l'issue desquelles le gardien de la paix sera grièvement blessé par Radouane Lakdim lors d'un corps-à-corps. Le terroriste sera abattu quelques instants plus tard par le GIGN et le gendarme mourra dans la nuit de ses blessures. « Dans mes tripes, je sens une rage qui me tenaille, la colère d'avoir perdu une vie si précieuse pour l'humanité, d'avoir perdu un homme si honorable. Je lui dis que j'essayerai de me montrer digne de la vie qu'il a protégée en risquant la sienne », s'émeut encore la caissière miraculée. Celle qui était auparavant athée a trouvé la foi grâce à son sauveur.
« Arnaud ne m'a pas sauvée pour que je m'écroule »
Julie explique au Figaro : « Je me suis dit que, si cet homme d'exception, avec toute son intelligence et ses qualités humaines, croyait en Dieu, alors il fallait que j'aille voir ce qu'il en était. » Dans ses prières, cette mère de famille « convoque Arnaud, (s)on père, (s)es ancêtres ». « Arnaud ne m'a pas sauvée pour que je m'écroule quatre ans après, pour que je vive cet enfer [elle évoque la prise de médicaments, son divorce, la mort de son père ou encore le traitement « scandaleux » que lui réserve le Fonds de garantie des victimes, ndlr]. J'ai une dette envers lui : je me dois de donner tout ce que j'ai comme amour, et la prière me ramène vers la lumière », se réjouit-elle, reconnaissante du sacrifice du lieutenant-colonel, qui a reçu une médaille d'honneur pour acte de courage et de dévouement à titre posthume.
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