Fédération Nationale des Retraités de la Gendarmerie-Section de Gaillac

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« Jaguar », l’intercepteur ultra-rapide de la Brigade fluviale et nautique de Matoury

Militaires positionnés derrière le poste de pilotage du Jaguar pendant les essais.

Depuis quelques semaines, la Brigade fluviale et nautique (BFN) de Matoury (Guyane française) dispose d’une embarcation à forte motorisation baptisée « Jaguar ». Destinée à l’interception, elle élargit le champ des possibles dans des domaines aussi variés que la lutte contre l’orpaillage illégal, la répression des trafics ou encore le contre-terrorisme.

Profitant de la marée haute, les gendarmes de la Brigade fluviale et nautique (BFN) de Matoury s’activent au pied de la cale de mise à l’eau de Dégrad des Cannes, commune de Remire-Montjoly. Début février, ils ont perçu une nouvelle embarcation ultra-rapide. Après une période de formation, ils seront pleinement opérationnels pour mettre en œuvre ce redoutable vecteur, qui leur permettra notamment d’accentuer leur action sur le littoral. Ce jour, ils sont rejoints par des militaires de l’Antenne du Groupe d'intervention de la gendarmerie nationale (AGIGN) de Cayenne qui seront amenés à les renforcer à l’occasion de certaines missions menées avec ce semi-rigide.

Une embarcation hors-norme...

Un simple coup d’œil au semi-rigide nous permet de comprendre le choix fait par les gendarmes de la BFN de l’appeler « Jaguar ». Avec sa coque de couleur noire de 9 mètres de type SRA-900, fabriquée par Zodiac Milpro, et ses deux hors-bord de 325 chevaux chacun, l’image du félin lui sied comme un gant. Capable d’embarquer jusqu’à 16 personnes, cet intercepteur de 2,5 tonnes peut dépasser les 50 nœuds, soit plus de 100 km/h.

« Le bateau est arrivé début février. Les premières sorties permettent de s’approprier les puissances hors-normes de Jaguar et de les confronter aux spécificités du terrain, notamment aux embouchures et aux bancs de vase. En fleuve comme sur le littoral, il y a très peu de profondeur et de fortes marées, c’est donc un élément à prendre en compte dans son utilisation, explique l’adjudant-chef Eddy, commandant la BFN de Matoury. La coque a été conçue par Zodiac Milpro de manière à déjauger et à passer au dessus de l’eau. Cette conception permet de gagner en vitesse et de casser les vagues ».

Embarcation Jaguar effectuant un virage.

La conduite du semi-rigide requière des aptitudes spécifiques. « Quasiment tous les militaires de la BFN sont détenteurs du PEG2 (Pilotes d'embarcation gendarmerie de niveau 2). Sachant que ce semi-rigide vise à intercepter d’autres embarcations, il faut également détenir la qualification Pilote d’embarcation sur-motorisée (PES). Un pilote de Milpro nous forme spécifiquement sur Jaguar. Au cours de la formation, nous montons crescendo dans la prise en main, nous apprenons à franchir les vagues et nous effectuons des exercices d’interception de pirogues. Nous nous familiarisons avec les instruments de bord. En fleuve, nous travaillons sur des portions et des fonds que nous connaissons, ce qui n’est pas le cas en mer. Nous effectuons aussi des exercices de navigation de nuit pour apprendre à travailler avec le radar. »

… qui élargit le champ d’action de la BFN...

« La BFN de Matoury est spécialisée dans la Lutte contre l’orpaillage illégal (LCOI), rappelle son commandant. Nous effectuons également des missions de surveillance et nous participons à la sécurité du centre spatial guyanais, lors de tirs ou d’approvisionnement de matériels. Nous travaillons avec des unités comme la Section de recherches (S.R.) et avec d’autres administrations, comme l’Office français de la biodiversité (OFB) dans le cadre de la lutte contre le braconnage par exemple. En matière de LCOI, nous effectuons des missions sur le fleuve pour intercepter des pirogues logistiques qui approvisionnent les camps d’orpaillage, mais aussi pour aller démanteler des camps. Nous remontons en profondeur avec des petites embarcations à faible motorisation puis nous rayonnons à pied sur quelques kilomètres et nous procédons aux arrestations et destructions sur site, le cas échéant. Jusqu’alors, nous ne disposions que de pirogues dotées de motorisations allant de 15 à 200 chevaux, essentiellement saisies à des orpailleurs. L’arrivée de cet intercepteur nous permettra de mener des missions en mer et plus spécifiquement sur le littoral afin de lutter contre le trafics illicites par voie maritime qu’il s’agisse d’orpaillage, de trafics de personnes, d’armes ou de drogue. Nous serons en mesure de nous projeter beaucoup plus rapidement sur une embarcation suspecte, d’embarquer du monde et de bénéficier d’un ascendant sur l’adversaire. Les pirogues logistiques enfreignent fréquemment les interdictions de circuler sur les fleuves de nuit afin d’être moins visibles. Nous allons pouvoir renforcer nos actions sur ce créneau là, notamment à l’aide du radar de Jaguar. »

Militaire de la BFN pilotant le Jaguar.
 

… Et de l’AGIGN de Cayenne

Les six militaires de la BFN prêtent également ponctuellement leur concours à l’antenne du GIGN de Cayenne à l’occasion de différentes missions. Deux gendarmes de l’AGIGN sont donc présents aux côtés de ceux de la BFN au cours de la prise en main de l’intercepteur. Ces deux unités effectuent en effet des missions communes. Certains militaires de l’AGIGN sont par ailleurs capables de renforcer la brigade fluviale, dans le cas où l’embarcation serait engagée dans l’urgence.

Embarcation Jaguar naviguant devant le port de Matoury.

« Pour se déplacer en Guyane, il n’y a quasiment que la mer et les fleuves, très peu d’axes routiers, explique Thomas, de l’AGIGN de Cayenne. Les garimpeiros (chercheurs clandestins d’or, NDLR) n’échappent pas à la règle. Nous allons désormais disposer d’un vecteur sur le côté maritime alors que nous étions jusqu’alors dépendants du Theraphosa du 3e REI (Régiment étranger d’infanterie de la Légion étrangère, installé à Kourou, qui dispose d’une embarcation à forte motorisation, NDLR). Nous allons pouvoir effectuer des assauts en mer, tant dans le domaine du contre-terrorisme maritime qu’en matière de lutte contre l’orpaillage illégal. En bref, nous gagnons en autonomie. Les flux logistiques empruntent le bord de mer en longeant les côtes et viennent ensuite s’insérer dans les fleuves. C’était difficile d’intercepter ces embarcations avec nos pirogues, alors qu’avec ce bateau, ça sera plus facile. Nous serons en mesure d’agir de jour comme de nuit. C’est une belle machine, et c’est à nous la rentabiliser en l’utilisant au meilleur de ses capacités. »

 



20/03/2024
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