Fédération Nationale des Retraités de la Gendarmerie-Section de Gaillac

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Le Centaure, nouveau blindé de la Gendarmerie, monte en puissance

  • Un centaure dans la campagne
 
 
© SIRPAG - BRI T.DOUBLET

Amorcé en 2021 grâce au financement du plan de relance, le programme Centaure est aujourd’hui progressivement déployé au sein de certaines unités de gendarmerie (escadrons de gendarmerie mobile, antennes GIGN, Centre national d’entraînement des forces de gendarmerieetc.). Polyvalent et robuste, ce nouveau véhicule d’intervention de la gendarmerie va s’inscrire comme un moyen opérationnel de protection des Français, des gendarmes et du territoire national.

C’est un programme novateur pour la gendarmerie ! 49 ans après le lancement des VBRG (Véhicules Blindés à Roues de la Gendarmerie), le nouveau programme Centaure, qui prévoit le déploiement de 90 nouveaux blindés, est mis en œuvre. Déployé depuis 2022 au sein des premières unités, parmi lesquelles le GBGM (Groupement Blindé de la Gendarmerie Mobile) de Versailles-Satory, le Centaure a été pensé et conçu comme un blindé polyvalent, pouvant transporter dix personnels (trois opérateurs et sept passagers) sur tout type de missions et tout type de terrain. Un véhicule innovant, intégré dans un programme éponyme en constante évolution.

90 véhicules

Affichant des dimensions de poids lourds de classe trois (3,82 m de haut, 7,5 m de long et 2,94 m de large), une garde au sol particulièrement élevée et plus de 300 chevaux sous le capot, le nouveau véhicule d’intervention polyvalent de la gendarmerie, un 4x4 de 14,5 tonnes, est un concentré de technologie et de robustesse, capable d’agir sur un large spectre missionnel.

Fabriqués en Alsace, par Soframe, une entreprise française (la petite cigogne sur le rétroviseur, clin d’œil du fabricant, en atteste), les 90 véhicules du programme Centaure seront intégralement déployés d’ici à 2025 en métropole et en outre-mer, comme l’explique le colonel Thibaut Lucazeau, officier de cohérence opérationnelle sur le projet : « De façon très schématique, il y en aura un tiers à Satory, pour assurer les missions propres au GBGM, un tiers dans les neuf plots de province, basés dans des escadrons mixtes, permettant un maillage territorial solide, et un tiers dans les outre-mer. »

Le centaure avec en amorce, un gendarme mobile.
 
 
© SIRPAG - GND B.Lapointe

Au plus près de la population

Sur le terrain, la plus-value du Centaure est multiple. À l’image des hélicoptères, il va venir appuyer et protéger les unités de gendarmerie départementale, mobile ou spécialisée lors de leurs interventions, notamment grâce à sa protection blindée. Sa capacité d’emport de sept passagers va permettre de transporter des personnels militaires ou non-militaires, comme des équipes médicales, au plus près de la cible. Son emploi peut être décidé à différents niveaux d’autorité en fonction des événements et de leur intensité.

Au plus proche de la population et lors de catastrophes naturelles par exemple (ouragan Irmainondations de la vallée de La Vésubieetc.), il va permettre aux forces d’aller au plus proche du sinistre pour protéger et secourir la population. Le tout, grâce à ses quatre roues motrices, ses capacités de franchissement, de poussée et de traction (12 tonnes masse immobilisée, soit le poids d’un bus à vide, et 31 tonnes sur roue, soit un poids lourd enneigé).

Des compétences tout-terrain qui lui permettent également d’intervenir en zone montagneuse ou boisée pour la recherche d'individus armés, comme ce fut le cas en Dordogne ou dans les Cévennes. Pour faciliter le travail des militaires lors d’un tel emploi, le Centaure est équipé d’une caméra longue distance d’une portée de 9 km, permettant de voir de jour comme de nuit grâce à sa vision thermique.

En pleine forêt, le Centaure se déplace sur les petits chemins avec aisance.
 

Adapter sa réponse opérationnelle

Grâce à ses équipements modulables, le Centaure - comme de très nombreux moyens de la gendarmerie – adapte son action à la situation et permet un usage gradué de la force. Pour répondre à une situation de graves troubles à l’ordre public par exemple, il peut tirer des grenades lacrymogènes à l'aide de son tourelleau, afin de maintenir à distance ou faire se disperser des individus violents. En cas de menaces plus graves, comme une attaque terroriste, qui impliqueraient le recours à la force armée, le Centaure peut être équipé d’une mitrailleuse 7,62 mm téléopérée. Une capacité adaptée lors de son emploi en OPEX (OPérations EXTérieures), que ce soit en appui des forces de sécurité intérieure locales pour aider à stabiliser un territoire, ou directement intégré dans un convoi militaire. « Dans ce cadre, nous devons avoir des capacités de protection, de mobilité et d'appui équivalentes, comparables et intégrables au système militaire », précise le lieutenant-colonel Lucazeau.

De l'intérieur du véhicule, l'on observe les forces mobiles qui se mettent en place à l'extérieur pour protéger une zone. Tout cela se déroule de jour dans un environnement de campagne.
 

Sur le territoire national, mais toujours aux côtés des forces armées, le Centaure pourra intervenir en cas de crises de très haute intensité mettant en péril le maintien des libertés ou l’intégrité des organes essentiels à la défense de la Nation, pour protéger les institutions et garantir la continuité de l'État. Un engagement alors réalisé dans le cadre de la défense opérationnelle du territoire et encadré par le Code de la défense.

Sur ces hauts niveaux de crise, ce véhicule blindé dispose également d’un système de détection des tirs adverses nommé Pilar V, déjà utilisé au sein des armées, et d’une protection NRBC (Nucléaire, Radiologique, Biologique et Chimique) complète, comme l’explique le lieutenant-colonel Alban Delalonde, directeur du programme : « C’est un véhicule qui est étanche, pressurisé et capable de filtrer en ambiance contaminée. »

L'intérieur du Centaure avec ses 7 places passagers
 

Un programme en constante évolution

Pour permettre cette polyvalence et cette adaptabilité, le Centaure a été pensé et conçu comme un véritable couteau suisse, un concentré de technologie qui n’a pas vocation à rester figé. « Ce programme est en constante évolution depuis le début, et l’objectif est qu’il continue à évoluer. Parce qu’aujourd’hui, nous sommes sur des standards techniques de 2023, mais nous ne connaissons pas ceux de 2040. Nous avons donc une obsolescence technologique prévisible à laquelle nous devrons faire face. C’est pour cela que nous l’avons conçu de manière complètement modulaire. Nous avons fait ouvrir tous les systèmes pour qu’ils puissent se parler et que nous puissions y avoir accès », explique le chef du programme, avant de poursuivre : « Par exemple, nous avons prévu de nombreux passages possibles pour rajouter du matériel sur le toit. Ils sont rebouchés pour conserver l’étanchéité NRBC, mais si on le veut, nous pourrons rajouter une plate-forme drones, un radar, un brouilleur, etc. »

Repenser la maintenance et la formation

Pour armer ce véhicule, les trois gendarmes mobiles opérateurs, qui transporteront les sept passagers, devront suivre une formation renforcée. Alors qu’auparavant un CTE (Certificat Technique Elémentaire) suffisait pour devenir pilote, puis radio-tireur et, enfin, chef d’engin, il faudra maintenant suivre des formations plus poussées. « Nous allons former les gens au CTE Pilote durant trois semaines. Ensuite, ils pourront être formés, via un nouveau stage de trois semaines, au CT1 observateur-tireur, puis, après avoir atteint des plages de grade suffisamment élevées pour être chef d’engin (adjudant-chef ou major), ils auront accès à une nouvelle formation de deux semaines », explique le lieutenant-colonel Delalonde.

Pour accompagner cette formation conséquente, notamment lors des recyclages, les opérateurs pourront compter sur un tout nouveau simulateur de pilotage, permettant de s’entraîner sur plusieurs scénarios. Une innovation découverte notamment grâce au salon AGIR.

Simulateur de pilotage du Centaure
 
 
 

Pour la maintenance, là aussi tout a dû être repensé, notamment pour le stockage et le transport des Centaure. « Nous nous sommes appuyés sur les connaissances des armées, notamment pour le transport de ces véhicules, précise le colonel Lucazeau, qui a aussi pu compter sur le soutien du GBGM et du COMSOPGN (COMmandement du Soutien OPérationnel de la Gendarmerie Nationale). Toutes ces personnes ont enrichi la construction et l’évolution de cet engin. »



26/10/2023
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