Fédération Nationale des Retraités de la Gendarmerie-Section de Gaillac

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Stage forêt, épisode 1 : Apprivoiser la jungle guyanaise pour durer

Militaire dérivant dans l'eau avec son sac.
 
© GEND/GR/ADC.BOURDEAU

À leur arrivée sur le sol guyanais, les gendarmes engagés dans l’opération Harpie de Lutte contre l’orpaillage illégal (LCOI) suivent obligatoirement un stage forêt encadré par l’Antenne du Groupe d’intervention de la gendarmerie nationale (AGIGN) de Cayenne avant d’effectuer leurs premières missions. Reportage en Guyane.

Le lundi 29 janvier 2024, les militaires de l’Escadron de gendarmerie mobile (EGM) 13/5 de Sathonay-Camp s’activent sur le tarmac de l’aéroport international de Cayenne-Félix-Éboué. Ils déchargent le fret dont ils auront besoin ces quatre prochains mois, dans le cadre de la mission Harpie menée en Guyane française. On ne leur avait pas menti sur le climat chaud et surtout très humide. Il pleut à torrent. Les militaires savent que leur temps de présence sur le territoire correspond à la période de saison des pluies. Deux petites journées les séparent du stage forêt, au cours duquel ils vont se confronter pour la première fois à la jungle guyanaise. Le lendemain leur est laissé pour leur permettre de s’acclimater au décalage horaire et percevoir leurs sacs forêt qui leur seront indispensables.

Le mercredi est consacré aux conférences d’accueil qui permettent d’aborder la mission Harpie et la vie en forêt. Après l’allocution du général Jean-Christophe Sintive, commandant la gendarmerie de Guyane, se succèdent les interventions du Centre de conduite des opérations (CCO), du 9e RIMA, (positionné à l’ouest, il s’agit du régiment avec lequel les gendarmes de l’EGM 13/5 vont majoritairement travailler, NDLR), ou encore de l’AGIGN de Cayenne, qui va encadrer le stage forêt se déroulant les trois prochains jours. Entre appréhension et excitation, les militaires écoutent enfin les nombreuses recommandations sanitaires formulées par le médecin du Centre médical interarmées (CMIA). Participent également à ces conférences et au stage forêt des gendarmes en Mission de courte durée (MCD) en provenance de métropole. Enquêteurs chevronnés, ils renforceront le volet judiciaire de l’opération Harpie ces prochains mois.

Général groupement tactique gendarmerie présentant la carte de la Guyane aux militaires de l'EGM 13/5 à l'occasion des conférences d'accueil.
 
© GEND/GR/ADC.BOURDEAU


Jeudi matin, le rendez-vous est fixé à l’aube à la caserne de la Madeleine. Après les premières explications de l’AGIGN, les gendarmes montent dans les camions TRM (Toutes roues motrices) avec leurs sacs forêt qui ne les quitteront plus du séjour. Ballottés pendant près d’une heure, ils sont débarqués au niveau du dégrad Marguerite de la rivière Orapu (en Guyane, le terme dégrad désigne un lieu de mise à l'eau et de chargement et déchargement des embarcations, NDLR) et embarquent dans des pirogues. Alors que le soleil se lève, ils découvrent pour la première fois la beauté de l’Amazonie enveloppée par la brume matinale. À leur arrivée au ponton du carbet de la gendarmerie de Guyane, rebaptisé carbet Blanka, en hommage au major Arnaud Blanc, ils sont accueillis par les bruits de la forêt, qu’il va désormais leur falloir apprendre à apprivoiser.

 

Éprouver les corps et le matériel

« Papi », de son véritable prénom Romain, est intervenu à l’occasion des conférences d’accueil pour prodiguer des conseils quant à la composition des sacs forêt et au matériel à emporter lors du stage. Si le surnom que lui donnent les militaires de l’AGIGN prête à sourire, celui qui faisait partie des militaires les plus âgés à être affectés à l’antenne en 2020 en connaît un rayon. Il sait pertinemment que l’un des enjeux du stage est de permettre aux gendarmes mobiles et à ceux en MCD d’appréhender le contenu du sac forêt (hamac, bâche pour la nuit, tenues à emporter, produits pharmaceutiques, etc.) en les incitant à faire le tri entre l’indispensable et le superflu. Les zones d’orpaillage illégal se situent toutes en forêt équatoriale. Les gendarmes doivent marcher de nombreux kilomètres au milieu de la jungle pour atteindre les sites à détruire. Tout ce qu’ils décident d’emporter avec eux doit donc être porté. Les sacs atteignent facilement les 25 kilos. Conjugué à la chaleur et à l’humidité, le poids transporté peut mettre en difficulté les gendarmes lors des opérations s’étirant sur plusieurs jours.

Stagiaires confrontés à une marche en forêt.


Les stagiaires réalisent leur première marche. Loin des idées reçues, ils se rendent vite compte que la jungle est beaucoup plus vallonnée qu’il n’y paraît. Ils apprennent à slalomer entre les nombreux awara (arbres couverts d’aiguilles acérées comme des rasoirs, NDLR), à éviter les racines présentes au sol, à poser précautionneusement les pieds afin d’éviter de déraper dans la boue et à équilibrer leurs sacs. Après les premières chutes et les litre d’eau absorbés pour étancher la soif, les gendarmes commencent véritablement à mesurer ce qui les attend ces prochains mois.

« Vous serez trempés en permanence »

Alors que la matinée s’étire, les gendarmes sont confrontés au climat tropical qui ne les abandonnera pas du séjour. On les avait avertis : « En forêt, vous serez trempés en permanence ». Ce qu’ils n’avaient peut-être pas prévu, c’est que cette situation n’est pas forcément liée à l’humidité ambiante, mais avant tout aux corps en nage qui s’épuisent à réguler leur température. Rapidement, les militaires de l’AGIGN ordonnent aux stagiaires de se mettre à l’eau. Rafraîchissant, l’exercice vise à leur permettre d’appréhender les dangers du fleuve (courants, turbidité de l’eau, troncs dérivants, parasites, insectes et animaux pouvant y vivre, etc.). Au cours de leurs missions, les gendarmes devront fréquemment traverser des coupures humides afin de parvenir jusqu’aux objectifs fixés. Ils ne pourront se défaire de leurs affaires, raison pour laquelle ils se mettent à l’eau avec celles-ci. Cet exercice leur permet d’apprendre à dériver dans l’eau en se servant des touques (bidons étanches) placées dans leurs sacs comme d’un flotteur. À la sortie de l’eau, les stagiaires découvrent l’efficacité de l’étanchéité de celles-ci, qu’il leur avait été demandé de vérifier. Pour les moins chanceux d’entre eux, le contenu conservé à l’abri pour la nuit aura été mouillé.

Militaires s'exerçant à la dérive dans le fleuve.


Alors que leur organisme est mis à rude épreuve, les gendarmes doivent pouvoir compter sur leur cohésion aussi bien pendant le stage que lors des missions qu’ils auront à réaliser. En effet, il arrive qu’un militaire soit mis en difficulté au cours de l’une d’entre elles, conduisant ses camarades à le soulager, notamment en le délestant d’une partie de son matériel le temps de récupérer des forces. Les stagiaires sont ainsi confrontés à des exercices de méthode naturelle afin de les inciter à se dépasser ensemble.

 



21/03/2024
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